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Vers une société plus inclusive : que manque-t-il encore pour l’autonomie numérique des personnes déficientes visuelles

Depuis quelques années, les progrès technologiques en matière d’accessibilité numérique ont permis des avancées majeures pour les personnes aveugles ou malvoyantes : assistants vocaux, lecteurs d’écran, intelligence artificielle, objets connectés… Pourtant, l’inclusion numérique est loin d’être acquise. De nombreux freins persistent, et l’autonomie reste souvent conditionnelle. Que manque-t-il encore pour construire une société vraiment inclusive, où les personnes déficientes visuelles peuvent naviguer, communiquer, apprendre et travailler sans obstacle ?

Des progrès techniques indéniables… mais inégalement déployés

On ne peut nier les avancées : VoiceOver, NVDA, TalkBack, Be My Eyes, Seeing AI, OCR embarqués, IA conversationnelles… Ces outils permettent d’accéder à l’information, de se repérer dans l’espace, de lire un document ou de communiquer sans voir.

Mais ces technologies ne profitent pas à tous :

  • Les personnes âgées ou peu formées restent souvent à l’écart
  • L’équipement coûteux ou mal distribué reste une barrière
  • Certains outils performants ne sont pas encore disponibles en français ou dans des interfaces accessibles
  • Des mises à jour ou changements d’interface peuvent créer de nouvelles difficultés au lieu d’améliorer l’expérience

Un Internet encore trop peu accessible

En 2025, de nombreux sites et applications ne respectent toujours pas les règles d’accessibilité (WCAG). Résultat :

  • menus impossibles à parcourir au clavier,
  • images sans description alternative,
  • PDF illisibles,
  • formulaires non balisés,
  • interfaces non testées avec des lecteurs d’écran.

L’accessibilité ne devrait plus être une option, mais un standard intégré dès la conception, et non en post-correction.

Un manque de formation généralisé

Les outils existent, mais beaucoup de personnes déficientes visuelles n’en connaissent ni l’existence ni le mode d’emploi. Cela crée une fracture numérique dans la fracture visuelle.

Il manque :

  • des formations adaptées au handicap visuel,
  • des professionnels formés à l’accessibilité (designers, développeurs, intervenants sociaux),
  • des accompagnements personnalisés, y compris pour les proches et aidants.

CECIAA propose des formations spécifiques pour répondre à ces besoins de façon accessible, progressive et pratique.

Des initiatives encore trop dispersées

Des associations, entreprises, start-ups, collectivités agissent pour l’accessibilité… mais souvent sans coordination. Il manque :

  • une stratégie nationale ambitieuse pour l’inclusion numérique des personnes handicapées,
  • une plateforme centralisée pour référencer outils, aides, formations, aides techniques,
  • des incitations fortes à la conformité RGAA pour les services publics et entreprises.

L’accessibilité numérique ne doit pas reposer uniquement sur la bonne volonté ou la passion de quelques-uns.

Vers une culture de l’inclusion numérique

Au-delà des outils et des lois, c’est une culture inclusive qu’il faut construire :

  • Oser poser la question “Ce service est-il utilisable par une personne aveugle ?”
  • Intégrer des testeurs déficients visuels dès les phases de design
  • Former dès l’école aux enjeux de l’accessibilité numérique
  • Valoriser l’innovation au service de tous, pas seulement des valides

Conclusion : l’autonomie numérique est un droit, pas un privilège

En 2025, il n’est plus acceptable que des citoyens soient exclus de services essentiels à cause d’un formulaire inaccessible, d’une app impossible à lire ou d’un site web mal conçu. La technologie peut libérer, mais elle peut aussi exclure si elle n’est pas pensée pour tous.

Créer une société inclusive, c’est garantir à chacun, quelles que soient ses capacités sensorielles, la possibilité de s’informer, de s’exprimer, de travailler, d’apprendre, de rire et de créer… en toute autonomie.

Et si on passait enfin de la compatibilité à l’égalité numérique ?

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