Comprendre le validisme : analyse d’une notion clé avec Gildas Brégain
Les Jeux Paralympiques récents à Paris ont suscité une attention particulière sur la question du handicap dans la société contemporaine. À travers une analyse de l’interview de Gildas Brégain, historien et spécialiste du handicap, il est possible de mieux comprendre la notion de validisme en se concentrant sur les mécanismes sociaux et culturels à l’œuvre.
Qu’est-ce que le validisme ?
Le validisme peut être défini comme l’ensemble des comportements, croyances ou pratiques qui défavorisent ou excluent les personnes handicapées en raison de leurs différences physiques, mentales ou sensorielles. Cette notion ne fait pas seulement référence à des actes explicites de discrimination, mais inclut aussi des attitudes ou des représentations souvent inconscientes.
Par exemple, considérer une personne uniquement à travers son handicap, ou la réduire à une image « inspirante » en raison de son parcours, relève aussi d’une forme subtile de validisme.
Origine et utilisation du terme
Historiquement, le terme « validisme » est relativement récent. Il trouve ses origines dans les mouvements des années 1970, principalement dans le monde anglo-saxon. Des termes comme « handicapism » puis « ableism » émergent alors pour conceptualiser les discriminations spécifiques vécues par les personnes handicapées. Ce n’est qu’au début des années 2000 que le mot se diffuse véritablement en France, notamment grâce aux groupes associatifs.
Le validisme au quotidien
Le validisme se manifeste quotidiennement par des environnements ou pratiques qui ne prennent pas en compte la diversité des corps. L’inaccessibilité de certains espaces publics, comme le métro parisien pendant les Jeux Paralympiques, illustre comment des choix d’aménagement peuvent créer ou renforcer le handicap.
Le validisme dans les médias
La médiatisation du handicap à l’occasion des Jeux a mis en lumière une tendance : valoriser certains types de handicaps, notamment ceux associés à des prothèses modernes et performantes, au détriment d’autres formes de handicap, moins visibles ou perçues comme moins « esthétiques ». Cela révèle une préférence sociale pour ce qui se rapproche des normes corporelles dominantes.
Les nuances du validisme
Comme le rappelle Gildas Brégain, le validisme ne se réduit pas à une définition unique. Différents handicaps entraînent différentes expériences de marginalisation. Par exemple, les personnes aveugles peuvent subir une exclusion spécifique dans une société dominée par le visuel, phénomène appelé oculocentrisme.
Dans ce type de société, tout est pensé en priorité pour les personnes voyantes, au détriment des autres modes de perception.
Limites et perspectives
Il est essentiel de noter que le validisme n’explique pas à lui seul toutes les difficultés rencontrées par les personnes handicapées. Des facteurs comme le genre, l’origine ethnique ou le statut économique jouent également un rôle. Par exemple, une femme aveugle peut faire face à des formes de discriminations spécifiques liées à l’intersection de son handicap et de son genre.
Le validisme comme outil de sensibilisation
Malgré ses limites, le concept de validisme reste précieux pour sensibiliser la société à l’importance de l’accessibilité et de l’inclusion. Il permet de comprendre que les handicaps ne sont pas uniquement des limitations individuelles, mais aussi le résultat d’un environnement physique et social inadapté.
Reconnaître le validisme, c’est ouvrir la voie à une meilleure prise en compte des réalités vécues par les personnes handicapées et à la mise en place de solutions concrètes pour améliorer leur quotidien.
Source :
- Le validisme, selon Gildas Brégain, émission « Questions du soir : l’idée », France Culture, publié le 9 septembre 2024. Avec Gildas Brégain, docteur en histoire, chargé de recherche au CNRS à l’École des hautes études en santé publique (laboratoire ARENES). Disponible sur le site de France Culture.