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L’accès aux soins courants et préventifs des personnes en situation de handicap en France : une analyse institutionnelle

L’accès aux soins constitue un pilier essentiel pour garantir l’égalité des droits et des chances pour les personnes en situation de handicap. La loi du 11 février 2005, qui réaffirme ce principe, et l’importance d’un accès équitable aux soins courants et préventifs, non seulement pour les personnes vivant à domicile, mais également pour celles résidant en institution.

Dans cet article nous analyserons le rapport « L’accès aux soins courants et préventifs des personnes en situation de handicap », basé sur l’enquête Handicap-Santé volet Institutions, qui explore les réalités vécues par les personnes en situation de handicap en établissement, tout en identifiant les obstacles et les axes d’amélioration pour réduire les inégalités.

Une population vulnérable face à des défis complexes

Les institutions médico-sociales en France accueillent une population hétérogène, avec des niveaux d’autonomie variés et des besoins spécifiques. Ces établissements, tels que les Maisons d’accueil spécialisées (MAS) et les Foyers d’accueil médicalisés (FAM), regroupent des adultes nécessitant une assistance permanente ou un suivi médical régulier. D’autres structures, comme les foyers de vie et d’hébergement, accueillent des individus moins dépendants, souvent actifs dans des activités éducatives ou professionnelles protégées.

Le rapport met en évidence une évolution notable du vieillissement des résidents. Entre 2006 et 2010, la proportion des personnes âgées de plus de 50 ans a augmenté de manière significative dans les MAS et FAM, atteignant respectivement 37 % et 31 %. Ce vieillissement soulève de nouvelles problématiques, notamment le recours insuffisant aux dépistages préventifs.

Des disparités dans l’accès aux soins courants et préventifs

Les soins courants, comme les consultations dentaires, ophtalmologiques ou gynécologiques, jouent un rôle crucial pour la santé globale et l’intégration sociale des résidents. Toutefois, leur accessibilité varie selon les types d’établissements. Les MAS et FAM bénéficient souvent d’une meilleure organisation grâce à la présence de médecins coordinateurs, mais ces structures n’intègrent pas toujours un objectif global de soins dans leurs projets personnalisés. De plus, les établissements non médicalisés, comme les foyers d’hébergement, reposent sur l’autonomie des résidents, laissant parfois les soins non spécifiques au handicap insuffisamment coordonnés.

Le recours aux soins préventifs, en particulier pour les dépistages des cancers, reste limité. Le rapport souligne les obstacles logistiques, comme l’absence d’équipements adaptés pour les personnes en fauteuil roulant, mais aussi les réticences liées aux handicaps intellectuels ou psychiques, qui compliquent la réalisation d’examens comme la mammographie ou le test Hémoccult.

Les facteurs influençant l’accès aux soins

L’étude met en lumière plusieurs facteurs influençant l’accès aux soins :

  • Le degré de handicap : Les résidents les moins autonomes ont généralement moins accès aux soins en raison des contraintes physiques et organisationnelles.
  • La localisation géographique : Les établissements situés dans des zones isolées rencontrent davantage de difficultés à organiser les soins externes.
  • La durée en institution : Les résidents de longue date développent souvent des relations plus solides avec le personnel, facilitant l’accès aux soins.
  • Les caractéristiques sociales et économiques : Les individus sans couverture complémentaire ou avec un faible soutien familial sont particulièrement vulnérables.

Comparaison entre institutions et domicile

Le rapport met en perspective les disparités entre les personnes vivant à domicile et celles en institution. Si ces dernières bénéficient parfois d’une meilleure coordination pour certains soins, elles rencontrent des obstacles spécifiques, notamment financiers. Par exemple, les dépassements d’honoraires ou les frais non pris en charge par le forfait institutionnel peuvent décourager le recours aux soins.

Des recommandations pour réduire les inégalités

Pour améliorer l’accès aux soins, le rapport propose plusieurs pistes. Tout d’abord, il est crucial de renforcer la coordination médicale dans les établissements, notamment en généralisant la présence de médecins coordinateurs. Par ailleurs, la formation du personnel sur les besoins spécifiques des résidents, en particulier pour les soins préventifs, apparaît comme une priorité. Les infrastructures doivent également être adaptées, qu’il s’agisse de matériel médical accessible ou de moyens de transport pour les consultations externes.

Enfin, une réflexion sur le financement des soins en institution est nécessaire. L’intégration de soins non directement liés au handicap dans les budgets institutionnels permettrait de garantir un accompagnement global et cohérent des résidents.

Conclusion

Ce rapport constitue une base précieuse pour comprendre les défis rencontrés par les personnes en situation de handicap vivant en institution. Il souligne l’importance d’un engagement collectif pour adapter les politiques publiques et les pratiques institutionnelles, afin de garantir une égalité d’accès aux soins pour tous. En réduisant les barrières organisationnelles, financières et géographiques, il est possible d’améliorer significativement la qualité de vie de cette population vulnérable.

Source : https://www.irdes.fr/recherche/rapports/561-l-acces-aux-soins-courants-et-preventifs-des-personnes-en-situation-de-handicap-en-france-tome-2-institutions.pdf

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