
PISA et handicap : Pourquoi les pays les mieux classés ne sont pas forcément les plus inclusifs
Les résultats du classement PISA (Programme international de l’OCDE) sont souvent utilisés pour évaluer la qualité d’un système éducatif. Singapour, le Japon ou la Corée du Sud y brillent régulièrement par leurs scores élevés. Mais ces résultats cachent une réalité peu évoquée : l’inclusion des enfants en situation de handicap reste très limitée dans ces pays. Peut-on encore parler de système « performant » quand une partie des élèves est exclue ?
📊 Pays performants au classement PISA : une inclusion limitée des enfants handicapés
🇰🇷 Corée du Sud : excellence académique, mais exclusion marquée
- Moins de 30 % des élèves en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire.
- La majorité sont orientés vers des classes spécialisées ou des écoles spéciales.
- Le système éducatif sud-coréen valorise la compétition, rendant l’inclusion scolaire difficile pour les profils atypiques.
🇯🇵 Japon : un système ségrégué malgré les évolutions légales
- Les écoles spécialisées restent la norme pour la plupart des élèves handicapés.
- Les progrès législatifs existent (loi de 2007), mais la culture scolaire japonaise repose encore fortement sur la conformité et la normalisation.
🇸🇬 Singapour : des efforts timides d’inclusion
- Bien que Singapour figure régulièrement dans le top 5 de PISA, les élèves avec un handicap ne sont intégrés qu’à la marge dans le système général.
- Les établissements « mainstream » n’accueillent souvent que les élèves avec un handicap léger.
🇫🇷 France : un système plus inclusif, mais encore perfectible
📈 81 % des élèves handicapés en milieu ordinaire
- Environ 430 000 élèves en situation de handicap sont scolarisés en France (2023).
- 47 % sont en classe ordinaire sans dispositif.
- 34 % bénéficient de dispositifs d’inclusion comme les ULIS.
- 19 % sont dans des établissements médico-sociaux (IME, ITEP…).
⚠️ Des limites encore fortes
- Manque d’AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap).
- Inégalités territoriales.
- Faible formation des enseignants à l’éducation inclusive.
🎯 Les limites du classement PISA pour évaluer la qualité d’un système éducatif
PISA mesure les compétences des élèves de 15 ans en compréhension de l’écrit, mathématiques et sciences. Mais :
- Il ne prend pas en compte l’accessibilité de l’école aux élèves en difficulté.
- Il ne reflète pas les inégalités internes au système.
- Il occulte les dimensions humaines et sociales de l’éducation : inclusion, bien-être, équité.
Un bon score PISA ne garantit pas un bon système éducatif si celui-ci laisse de côté les élèves en situation de handicap.
🌍 Vers un indicateur plus juste de la performance éducative
Plutôt que de s’en tenir à un classement international réducteur, il faut repenser la notion de performance éducative. Un système éducatif réellement performant :
- Accueille tous les élèves, sans discrimination.
- S’adapte aux besoins spécifiques.
- Forme les enseignants à l’inclusion pédagogique.
- Mesure la réussite non seulement par des scores, mais par la capacité à faire réussir chacun.
✅ Conclusion : Et si l’inclusion devenait le vrai critère d’excellence ?
La France, malgré ses imperfections, présente un modèle plus inclusif que certains pays champions de PISA.
Plutôt que de vouloir copier des systèmes où la sélection exclut, il est temps de valoriser les systèmes qui n’abandonnent personne.
L’avenir de l’école ne se joue pas seulement dans les classements, mais dans les classes — avec tous les enfants.