Connaître les différents types de cannes blanches pour bien choisir
Par Jean-Paul MOUROT
Véritable outil d’aide à la « détection d’obstacles » ou simple marqueur de « signalement », la canne blanche est devenue un objet où l’innovation technologique tient désormais une place prépondérante. Aussi, le choix d’une canne blanche répondant précisément aux attentes des utilisateurs et utilisatrices reste un vaste sujet où les avis sont souvent contradictoires et cet article tente ici une réponse appropriée.
Les bases de la terminologie
Le mot a été lâché : le signalement. En effet pour nombre de personnes (primo-accédant principalement), c’est avant tout ce marqueur de la déficience visuelle qui est prioritairement recherché.
De plus, le critère le plus souvent entendu (et retenu) est celui de « la plus légère possible » souvent justifié car étroitement lié sur le long terme aux risques, pour certaines personnes, de contracter des tendinites ou autres Troubles Musculo Squelettique (TMS).
Si ces deux termes « signalement » et « légèreté » peuvent apparaitre comme compatibles, ils ne le sont malheureusement que pour un type de canne bien précis et pour un usage bien particulier. En effet, la canne blanche qui permettra de déambuler en complète autonomie et en toute sécurité sera réservée pour un tout autre usage, avec des fonctions bien précises et une résistance aux chocs des plus éprouvée. Celle-ci prendra alors le terme de « canne de locomotion », (ou d’autonomie), canne pour laquelle de récentes avancées technologiques auront permis de faire évoluer favorablement ce produit.
Ces bases une fois établies, tout en restant dans des conditions optimales de sécurité en fonction des habilitations des personnes, nous pouvons raisonnablement définir 3 types ou catégories de cannes.
- La canne de signalement
- La canne de repérages particuliers pour des endroits connus par la personne
- La canne de locomotion avec de nombreuses possibilités d’embouts interchangeables variables en poids et en tailles.
Précisions : les cannes blanches dites « d’appui » catégorie marginale, réservée à un usage différent dans la recherche d’obstacles ne font pas partie de la présente classification.
Ce classement par catégories permettra également de mettre en évidence différentes problématiques dont la principale est celle de la longueur de la canne à choisir en fonction de la taille de la personne, participant du point de vue ergonomique à rechercher la meilleure aisance possible dans les déplacements au quotidien.
Ce classement permettra aussi d’étayer des choix techniques et technologiques, choix retenus pas tant par le concessionnaire ou son représentant, mais avant tout par le ou les fabricants, justifiant par ailleurs un échelonnement dans les coûts ou le rapport qualité / prix.
De plus la sélection de cannes proposée ci dessous offre une orientation validée par la majorité des instructeurs et utilisatrices qui enseignent la « locomotion » dans les centres de réadaptation spécialisés en Déficiences Visuelles.
Canne de signalement
A choisir, de préférence courte (1,00 m maximum) afin de ne pas prendre de « mauvaises habitudes », canne télescopique dans sa conception, (les tubes aux diamètres différents entrent les uns dans les autres) et sera extrêmement légère pour un encombrement minimum (un record) une fois rangée dans son étui.
Une simple dragonne, des tubes fins avec un traitement de surface durable (laquage à haute température), un embout standard de petit diamètre, de forme ronde.
Discrète, elle pourrait également intéresser les personnes adeptes des chiens–guides.
Canne pour repérages particulier ou de détection en milieu connu :
Appelons-la « canne longue de signalement », de même diamètre (fin) que précédemment mais en version pliante avec élastique central, seule technologie fiable car plus sécure que la technologie « télescopique » qui atteint ses limites lorsque la canne rencontre brutalement un obstacle au sol, augmentant dans ce cas présent le risque d’une chute accidentelle.
Le critère déterminant est la légèreté tout en ayant la bonne longueur conforme à ce qui est admis en terme d’ergonomie : une taille correspondant généralement à la dimension entre le sol et la pointe haute du sternum.
Pas d’embout lourd ou sophistiqué, une simple sphère de petit diamètre, fixe, voire une demi sphère fixe en résine. Canne recommandée pour personnes accompagnées n’ayant reçu aucun enseignement dans l’apprentissage de la « locomotion ».
La canne de locomotion
Certainement la plus utilisée au monde, de conception canadienne (Ambutech N°1 mondial), dont le diamètre des tubes est proche de 13 mm, large possibilité de choix d’embouts (interchangeables, car les embouts peuvent s’user très vite pour les adeptes des longues marches). Pliante donc fiable, les limites de cette canne restent au niveau des emboitures (risque de cassure), du revêtement sur les tubes (vieillissement du scotch blanc qui s’écaille surtout en parties basses) et de l’élastique central, voire de la poignée qui, sur le long terme se dégrade sous différents effets (sudation, forte chaleur, gel hydroalcoolique pour la période actuelle…)
Une précision sur les avancées technologiques à propos de cette canne de locomotion : la mise sur le marché d’une canne à la fois pliante et télescopique permettant d’ajuster à la bonne taille de la personne.
Cette canne « mixte » s’est avérée à la fois fiable et sécure en tous points car la partie télescopique est verrouillée par le système breveté, technologie héritée des bâtons de marche Nordique. De plus en « technique de foule » ou en présence de fortes pentes (randonnées en montagne ou marches d’escaliers) raccourcir (ou allonger) momentanément la canne grâce au système breveté (Easy Lock) est très pratique.
Cette avancée remarquable dans la conception de cette canne aura eu comme conséquence de rechercher le meilleur tube possible, (composant essentiel des cannes blanches), dans une gamme de tubes à la fois légers, résistants aux chocs, avec un traitement de surface à haute résistance. Une version de cette canne améliorée avec ces tubes haute résistance sera disponible dès cet automne 2021/ début 2022.
Un mot également sur les poignées qui équipent ces cannes de « locomotion »
Historiquement, le fabricant Canadien a opté pour des poignées en caoutchouc, avec un méplat le long de la poignée (un repère / une aide au positionnement des phalanges ou du pouce). Cette poignée est identique aux cannes de « club de Golf » et assure globalement une bonne prise en main, mais avec les inconvénients énoncés plus haut.
En conséquence, pour la canne « haut de gamme » décrite ci-dessus, les concepteurs envisagent actuellement plusieurs options : poignée bois (essence dans un bois sélectionnée, haute qualité environnementale et finition de qualité), poignée bois coudée limitant les TMS, poignée liège et poignée mousse haute résistance (identique aux bâtons de marche Nordique), autant de possibilités de poignées qui devraient satisfaire le plus grand nombre.